POINT DE VUE DU 14 mai 2025
Il y a plusieurs décennies quand on parlait des pays du Tiers Monde , l’on désignait la Chine et l’Inde comme des pays émergents. Bien qu’activement représentée par Chou-En-laï à Bandung, la Chine est restée à l’écart de la création des Non-alignés en 1955 . C’était encore la guerre froide entre les deux grandes puissances de l’époque. Quant à la Chine, la révolution de Mao a été très déterminante. La Chine avait fait son choix pour le communisme qui renforça le pouvoir de l’Etat central dans une structure quasi militaire. Ce pouvoir central puissant avec une population soumise à l’autorité a contribué à accélérer l’ émergence de ce géant d’Asie. L'Afrique peut-elle prendre la Chine comme modèle de développement? A vrai dire , la réponse serait « oui…, mais… » Car les choses sont bien plus complexes qu’elles ne paraissent par rapport à l’Afrique.
S’il est vrai qu’en Afrique on observe un dynamisme croissant, on ne peut cependant encore dire que l’Afrique ait réellement entamé son réveil pour le développement. C’est comme si l’Afrique n’a jusqu’ici ouvert qu’un seul oeil tandis qu’elle sommeille encore pour saisir son destin! La Chine a fait son réveil selon un long processus. Mais à la base il est crucial de considérer les contextes et les dynamiques très différents.
Points de similarité potentiels :
Forte volonté de développement économique : Tout comme la Chine a affiché une détermination inébranlable à sortir de la pauvreté et à moderniser son économie, de nombreux pays africains aujourd'hui montrent une ambition similaire. Il y a une prise de conscience croissante du potentiel économique du continent et une volonté de le réaliser.
Urbanisation rapide et croissance démographique : L'Afrique connaît une urbanisation rapide et une croissance démographique importante, des facteurs qui ont également joué un rôle dans l'essor chinois en fournissant une main-d'œuvre abondante et de nouveaux marchés.
Importance des infrastructures : La Chine a massivement investi dans les infrastructures (routes, chemins de fer, ports, énergie) comme moteur de sa croissance. On observe également en Afrique une prise de conscience de la nécessité d'améliorer les infrastructures pour soutenir le développement économique. Mais pas encore suffisammentpour parler déveleopppement devant venir améliorer le PIB des habitants . Car en rapport à ses besoins réels, en énergie, en eau , en routes etc. on y voit plus d'investissements dans des complexes hôtelers ou des domaines accessoires , où l'Etat marchand fait du business confondant domaine public et domaine privé en faveur des lobbies et multinationales étrangers.
Engagement avec le monde : La Chine a su s'intégrer dans l'économie mondiale, attirant les investissements et développant ses exportations. L'Afrique cherche également à renforcer ses liens commerciaux et à attirer les investissements étrangers.
Points de divergences :
Cependant , la ressemblance s’arrête là . Car il existe des différences fondamentales et de défis pour l'Afrique .
Quand on aborde le point de départ et le contexte historique, on réalise que la Chine, malgré sa pauvreté initiale, disposait d'un État relativement centralisé et d'une tradition administrative séculaire. L'Afrique, quant à elle, a hérité de frontières coloniales souvent arbitraires et a connu des décennies d'instabilité politique, de conflits et de sous-développement structurel.
Quand on considère sa diversité et sa fragmentation, l’Afrique est un continent extrêmement diversifié en termes de cultures, de langues, de systèmes politiques et de niveaux de développement économique. Contrairement à la relative unité de la Chine , cette situation de fragmentation rend plus difficile la mise en œuvre de politiques cohérentes à l'échelle continentale,
Gouvernance et institutions : La Chine a, sous l'égide du Parti communiste, maintenu une stabilité politique relative qui a permis la mise en œuvre de plans à long terme. Or de nombreux pays africains sont encore confrontés à des défis de gouvernance, de corruption et de faiblesse des institutions,. Comme c’est l’Etat qui contrôle tout, cette situation de faiblesse ou de crise est un réel blocage au processus de développement.
Dépendance aux matières premières : De nombreuses économies africaines restent fortement dépendantes de l'exportation de matières premières, les rendant vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux. Même après les indépendances déclarées, les pays africains n’ont quasiment pas bâti une industrie de transformation de leurs ressources. Ils dépendent encore de l’importation qui leur coûte beaucoup de devises . La Chine, par contre , a rapidement diversifié son économie vers l'industrie et les services.
Défis démographiques et sociaux : L'Afrique est confrontée à des défis démographiques importants, notamment un taux de chômage élevé des jeunes . Or quand on sait que c’est cette jeunesse qui constitue la majorité de la population, on peut estimer la perte en main d’oeuvre utile ! Les pays africains souffrent encore des systèmes éducatifs souvent sous-financés par l’Etat et des problèmes de santé publique majeurs. L’alphabétisme reste un fléau autant l’abandon de l’école qui pousse la majorité de la population à entrer dans le commerce informel.
Intégration régionale : Bien que des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine *(ZLECAf) soient prometteuses, l'intégration économique régionale en Afrique est encore un travail en cours et se heurte à des obstacles logistiques, politiques et douaniers.
Un autre point qu’on n’a pas évoqué c’est l’aspect spirituel. La spiritualité a souvent été une source de résilience et de force intérieure pour les communautés africaines face à l'adversité. Aussi la Chine est ancrée dans des traditions millénaires, cela constitue en elle une force qui ne sacrifie point son identité face à l’adoption d’habitudes consuméristes. qui génère une solidarité qui bat en brèche tout égoïsme. Des dirigeants ancrés dans cette vision communautaire de la société et de spiritualité pourraient puiser dans cette force pour surmonter les défis et inspirer leur peuple.En valorisant les principes de communauté, de respect, d'intégrité et de responsabilité, elle peut offrir un cadre moral solide pour guider l'action politique.
En conclusion :
Si l'on observe en Afrique une dynamique de changement et un potentiel de croissance indéniable, il est difficile de parler d'un "réveil" strictement comparable à celui de la Chine. Le contexte historique, la diversité du continent et les défis structurels spécifiques signifient que la trajectoire de développement de l'Afrique sera probablement différente.
L'Afrique a le potentiel de réaliser une croissance significative, mais cela nécessitera des efforts soutenus en matière de gouvernance, d'investissement dans le capital humain et les infrastructures, de diversification économique et d'intégration régionale. Le "réveil" africain est en cours, mais il s'inscrit dans un contexte qui lui est propre, avec ses propres opportunités et défis.
(Zone de libre-échange continentale africaine *(ZLECAf) : Pays membres: Angola, Bénin,Burkina Faso, Burundi, Rca, Tchad, Comores, Rdc, Djibouti, Érythrée, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Lesotho, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda,Sao Tome Et Principe, Senegal, Sierra Leone, Somalie, Sud Soudan, Togo,Ouganda, Tanzanie / Objectif: créer un marché intégré pour le commerce des biens et ders services ainsi que pour la libre circulation des personnes et des capitaux)
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