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Edition du vendredi 23 mai 2025

Édito : Savent-ils vraiment ce qu’ils risquent ?

La décision de lever les immunités parlementaires du sénateur à vie Joseph Kabila marque un tournant inédit dans l’histoire politique récente de la République démocratique du Congo. 

Ce geste, loin d’être anodin, interroge sur les véritables motivations du pouvoir en place. Est-ce une volonté de justice ou un calcul politique aux conséquences imprévisibles ? 

En agissant ainsi, les autorités semblent ignorer le poids symbolique et historique que représente l’ancien président pour une partie du pays.

Joseph Kabila, bien que controversé, reste une figure de stabilité pour plusieurs Congolais, notamment dans les provinces de l’Est. 

Le priver de ses privilèges constitutionnels, sans pédagogie ni consensus national, revient à fracturer davantage une nation déjà traversée par de multiples lignes de tension. 

Ce geste alimente le ressentiment, polarise l’opinion et risque de réveiller les vieux démons de la division.

Le timing politique interroge : alors que le pays traverse une crise de légitimité institutionnelle et de gouvernance, pourquoi ajouter un conflit de plus ? 

À quel prix le pouvoir cherche-t-il à démontrer sa force ? En ciblant Kabila, on prend le risque de faire de lui un martyr politique, renforçant ainsi sa base plutôt que de l’affaiblir. 

Cela pourrait radicaliser certains clans et fragiliser encore plus l’équilibre déjà précaire entre institutions et provinces.

Il aurait été plus sage de chercher l’apaisement, d’engager un dialogue politique inclusif sur les enjeux de justice transitionnelle et de réconciliation nationale. 

Mais en optant pour l’humiliation d’une figure du passé sans en mesurer les conséquences, le régime actuel s’expose à une instabilité accrue, tant sur le plan national qu’international. 

L’image de la RDC en tant qu’État respectueux de ses propres lois s’en trouve écornée.

La vraie question demeure donc : savent-ils vraiment ce qu’ils risquent ? À vouloir effacer trop vite l’héritage du passé sans en assumer les responsabilités, on construit les crises de demain. 

Le peuple congolais, fatigué des querelles d’élites, attend des réformes, pas des règlements de comptes. Gouverner, c’est prévoir. Et dans ce dossier, tout semble avoir été fait pour diviser, plutôt que pour construire.

Par La Rédaction

 

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