À Bukavu, le marché de change traverse une période d’opacité inquiétante. Tandis que le taux officiel du dollar reste fixé à 2800 francs congolais, les changeurs de rue appliquent leurs propres barèmes, oscillant entre 2900 et 3300 FC. 

Par N.A.E

Cette instabilité sème la confusion parmi les usagers et crée un véritable fossé entre les réalités officielles et les pratiques de terrain. 

Le désordre tarifaire n’est pas anodin : il reflète une économie informelle qui s’impose de plus en plus, au détriment de toute régulation.

Le phénomène prend une tournure encore plus préoccupante lorsqu’il s’agit des opérations via mobile money. 

Les changeurs affirment ne pas disposer de monnaie électronique en francs congolais, uniquement en dollars. 

Résultat : les clients sont contraints d’accepter des conversions forcées à un taux largement supérieur au taux officiel, souvent autour de 3200 FC pour un dollar. 

Une opération qui profite exclusivement aux changeurs, tandis que les citoyens, eux, perdent de précieuses ressources dans un système à sens unique.

Et lorsqu’un client souhaite retirer ses fonds en dollars, c’est un nouveau mur : les billets verts sont introuvables, seul le retrait en francs est autorisé… au taux le plus désavantageux, 2900 FC. 

L’un des changeurs interrogés par L'Essentiel, sous anonymat, résume la situation avec lucidité : « Le franc est devenu rare ici. Le virtuel, on l’a en dollars. Pour le reste, c’est au client de s’adapter. » 

Un déséquilibre criant qui révèle les failles profondes de l’économie locale, en attente d’une réponse claire des autorités monétaires.