La visite tant attendue de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka à Tshikapa, ce 26 mai 2025, a réveillé les espoirs enfouis d’une population meurtrie par l’abandon. 

Par Scarpe Mbuyamba

Dans une région longtemps marginalisée, les attentes sont simples mais vitales : la réhabilitation du port d’Ilebo, poumon économique du centre du pays, et la construction d’une passerelle pour le tuyau de la REGIDESO afin d’approvisionner en eau potable les communes délaissées de Mabondo et Mbumba. 

Des demandes basiques, mais criantes, qui révèlent l’échec structurel d’un État incapable de répondre aux besoins élémentaires de ses citoyens.

La Première ministre est venue constater l’état d’avancement des projets étatiques comme le PDL-145, Tshilejelu ou encore les travaux contre l’érosion. 

Mais à quoi bon multiplier les projets s’ils ne sont pas ancrés dans les réalités locales ? À quoi servent les meetings populaires si ce n’est pour collecter des doléances qui, au final, finiront dans les tiroirs poussiéreux de Kinshasa ? 

À Tshikapa, l’eau potable ne coule toujours pas, les routes sont toujours un parcours du combattant, et l’économie reste étranglée par l’isolement de la région.

Ce déplacement de la Première ministre, pourtant salué par certains comme un symbole d’espoir, risque de n’être qu’une vitrine politique de plus. 

Car au-delà des discours et des accolades médiatiques, la population du Kasaï attend des actes concrets. 

Le port d’Ilebo n’est pas un luxe mais une urgence stratégique. L’accès à l’eau potable dans les collines de Kele n’est pas une faveur, mais un droit.

Le gouvernement doit cesser de survoler les provinces en campagne de communication pour s’attaquer, enfin, à l’essentiel : réparer l’injustice historique faite à l’intérieur du pays, en particulier au Kasaï. 

Les promesses non tenues ne nourrissent pas, elles épuisent. Et Tshikapa en a assez d’attendre.