EDITION DU SOIR DU JEUDI 06 JUIN 2025
On croyait que l’histoire avait vacciné le Congo contre les dérives autoritaires. On croyait naïvement que les promesses démocratiques, si souvent répétées à la télévision nationale, finiraient par se traduire dans la réalité. Mais Kinshasa vient de nous rappeler une chose essentielle : les mauvais perdants ne se contentent pas d’avoir échoué, ils veulent aussi faire taire ceux qui leur rappellent leur échec.
Aujourd’hui, dans les rues poussiéreuses de la capitale congolaise, la liberté d’expression n’est plus un droit — c’est un délit. Il suffit d’un tweet critique, d’un micro tendu à la mauvaise personne, ou d’un meeting pacifique pour se retrouver dans le viseur d’un pouvoir aux abois. La presse est muselée, les opposants traqués, les activistes diabolisés. Tout est bon pour étouffer le débat et imposer un silence de mort sur le chaos ambiant.
Car oui, il faut le dire : le pouvoir à Kinshasa a perdu la bataille des idées. Sur le plan économique, c’est la débâcle ; sur le plan social, c’est la désintégration ; sur le plan sécuritaire, c’est l’humiliation nationale. Et face à cette faillite généralisée, que fait le régime ? Il accuse, menace, réprime. Il se pose en victime d’un complot imaginaire, alors même qu’il est le bourreau de ses propres concitoyens. La lucidité est devenue un crime, la critique un acte de guerre. À Kinshasa, l’échec s’est transformé en tyrannie.
Mais ne nous y trompons pas. Ce pouvoir qui réprime n’est pas fort. Il est faible. Il tremble devant chaque mot libre, chaque regard indigné, chaque marche citoyenne. Il sait qu’il a perdu le peuple, alors il tente de se maintenir en terrorisant ceux qui restent debout. Il sait que sa légitimité est en ruine, alors il fabrique des ennemis à l’intérieur. La fronde, ce n’est pas celle de la société civile. C’est celle des mauvais perdants qui confondent le pouvoir avec un droit divin et le peuple avec une foule à domestiquer.
Il est temps de le dire haut et fort : ce régime ne mérite ni respect, ni indulgence. Il mérite d’être confronté à la vérité, celle qu’il redoute tant. Il mérite d’être tenu responsable de ses actes, devant l’histoire et devant le peuple. Car le Congo ne pourra pas avancer tant que ceux qui ont échoué refuseront de quitter la scène. La fronde des mauvais perdants doit prendre fin. Et cela commence par la parole, libre, courageuse, irréductible.
Par la rédaction
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