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SUD- KIVU 

Sud-Kivu: Les  radios communautaires face à la crise sécuritaire et économique 

La voix des ondes communautaires s’éteint progressivement dans plusieurs localités du Sud-Kivu, notamment dans la cité de Nyangezi, à la suite d’une montée soudaine de l’insécurité.

Parmi les radios touchées, Colombe FM a dû suspendre ses émissions. La coupure de son signal survient dans un climat marqué par la peur d’affrontements imminents dans la région.

« La radio Colombe FM a vu son signal coupé. La cause ? La crainte d’un affrontement imminent dans la région de Nyangezi », confie Ezéchiel  Mushagalusa, rédacteur en chef de la radio. Cette décision difficile a été prise dans un contexte de rumeurs persistantes sur une potentielle attaque armée, qui pousse les habitants comme les journalistes à vivre dans la crainte permanente.

Le minimum vital malgré les menaces

Malgré l’arrêt du signal, quelques journalistes de Colombe FM continuent de travailler dans l’ombre.

« Avec l’arrêt du travail, j’étais obligé de revenir. On ne peut pas arrêter complètement. On continue à travailler avec un service minimum, en attendant que les choses reviennent à la normale », explique Ezéchiel.

Dans une région où les rumeurs peuvent déclencher des mouvements de panique, les responsables de la radio disent avoir préféré garder le cap, rester calmes et présents, autant que possible, pour éviter de renforcer la psychose ambiante.

L'impact psychologique et l'isolement informationnel

La fermeture des radios communautaires ne constitue pas seulement une interruption technique, mais une véritable coupure du lien entre les citoyens et l’information.

« Dans un contexte de rumeurs et d’incertitudes, la radio communautaire reste souvent le seul lien fiable entre les populations isolées et l’information locale », souligne un acteur local de la société civile.

Sur le plan humain, le personnel des radios paie un lourd tribut. Les journalistes évoquent une détérioration de leur santé mentale, marquée par le stress.

« Nous sommes tous traumatisés. Pourtant, c’est nous qui donnons encore à la population une raison de rester à la cité », déplore Ezéchiel Mushagalusa.

La situation devient de plus en plus délicate pour les journalistes. Accusés à la fois de semer la panique lorsqu’ils informent et de lâcheté s’ils décident de partir, ils se retrouvent pris dans un étau psychologique.

« Si vous fuyez, c’est que c’est nous que vous fuyez, nous disent certains. Alors, nous restons là, bon gré mal gré, espérant que le pire n’arrivera pas », conclut Ezéchiel Mushagalusa.

Dans cette zone où l'État peine à garantir la sécurité des populations, les radios communautaires jouent un rôle vital d’information, de sensibilisation et de cohésion sociale. Leur fragilisation, voire leur silence forcé, constitue une perte énorme pour les communautés rurales. Les professionnels des médias appellent à plus de soutien et de protection pour leur permettre de continuer leur mission, même en temps de crise.

La Rédaction
 

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