EDITION DU MERCREDI 11 JUIN 2025
Dans un pays comme la République démocratique du Congo, déchiré depuis des décennies par des divisions politiques, ethniques et régionales, la moindre étincelle peut rallumer le feu de la désunion. C’est dans ce contexte que l’annonce de Martin Fayulu de créer un courant politique baptisé « camp de la patrie » mérite une critique sévère et lucide. Car en prétendant incarner, à lui seul, le camp de ceux qui aiment véritablement la patrie, Fayulu commet une faute politique et symbolique grave : celle de diviser au nom même de ce qui devrait rassembler.
Ce qui nous unit, c’est la patrie, dit-on avec raison. Cette phrase résonne comme un appel à l’unité, à la transcendance des clivages partisans pour l’intérêt supérieur de la nation. Mais comment peut-on croire à cette unité lorsque, au sein d’une même République, un acteur politique se donne le droit de labelliser son camp comme étant le seul camp de la patrie ? Faut-il alors comprendre que ceux qui n’adhèrent pas à cette initiative sont du « camp de l’anti-patrie » ? Voilà une rhétorique dangereuse qui oppose les Congolais les uns aux autres au lieu de les rassembler.
La patrie ne se décrète pas en slogan ni ne se confisque dans un branding politique. Elle se vit, se construit, se protège collectivement. Le Congo n’a pas besoin d’un « camp de la patrie », mais d’un sursaut national au-dessus des partis et des ambitions individuelles. L’histoire récente de notre pays nous enseigne que chaque fois qu’un leader a prétendu incarner seul le peuple ou la nation, cela a conduit à des dérives autocratiques ou à des confrontations meurtrières. Nous n’avons pas besoin d’un messie autoproclamé, mais d’un contrat social refondé.
Si Fayulu croit à la démocratie, qu’il en respecte l’esprit : celui du débat contradictoire, de l’alternance et du pluralisme. Mais qu’il n’habille pas sa stratégie politique d’une bannière pseudo-sacrée pour se donner une légitimité morale supérieure. Car ce qui nous unit, c’est la patrie, pas le camp que se choisit un homme, aussi emblématique soit-il. La patrie ne se réduit pas à une posture d’opposition. Elle exige une vision inclusive, un langage de paix et une loyauté envers tous les Congolais. C’est ce combat-là qui mérite d’être mené. Pas celui des étiquettes.
Par la rédaction
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