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EDITION DU JEUDI 12 JUIN 2025

  EDITO:  
Qui a peur du dialogue?

 

 

 Jean-Pierre Bemba a-t-il peur du dialogue ? Tout porte à le croire. Lors de sa dernière prise de parole publique, il a franchi une ligne rouge, une de plus, en accusant sans trembler le président honoraire Joseph Kabila, l’opposant Moïse Katumbi ainsi que les Églises catholique (CENCO) et protestante (ECC) de fomenter un coup d’État contre le président Tshisekedi. Rien que ça. Une sortie confuse, désarticulée, presque grotesque, qui en dit long non pas sur ceux qu’il accuse, mais sur ses propres hantises. Car dans un pays en quête de réconciliation et de cohésion, ce genre de déclaration n’est pas une gaffe : c’est un sabotage.

Tandis que la population réclame à grands cris un sursaut de responsabilité, un vrai dialogue entre forces vives pour éviter le chaos, Bemba joue au pompier pyromane. Il attise la peur, la division, la paranoïa. À croire qu’un dialogue national inclusif le terrifie. Et pour cause : un vrai débat démocratique mettrait à nu les petits arrangements entre amis, les ambitions refoulées, les compromissions passées — y compris celles qui gangrènent le cercle même du pouvoir auquel il appartient. Peut-être craint-il qu’un tel espace de vérité révèle qu’il n’est plus le stratège qu’il croit être, mais un vieil acteur politique en perte d’inspiration, accroché aux vestiges d’une légitimité fanée.

Il faut dire les choses telles qu’elles sont : Jean-Pierre Bemba n’a plus l’étoffe d’un homme d’État. Il agit désormais en chef de clan paniqué, lançant des accusations folles dans un vacarme solitaire, espérant distraire une opinion de plus en plus lucide. Même au sein de l’Union sacrée, certains de ses compagnons s’interrogent à voix basse sur cette dérive verbale, indigne d’un leader supposé rassembler. Ce n’est plus de la politique, c’est du théâtre d’ombres — où l’on joue à se faire peur pour mieux étouffer les voix discordantes.

Le peuple congolais mérite mieux. Il mérite des dirigeants calmes, ouverts au dialogue, capables d’unir plutôt que de diviser. S’il y a bien un coup d’État à redouter aujourd’hui, c’est celui contre la vérité et la raison, perpétré non par les opposants, mais par certains membres du pouvoir, devenus allergiques à la moindre idée de compromis. Et en cela, Jean-Pierre Bemba devient un symbole inquiétant d’une gouvernance fondée non sur l’écoute, mais sur la menace et l’anathème. Qui a peur du dialogue ? Ceux qui ont quelque chose à cacher.

 


 

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